(mission) Une histoire d'or

Son regard se lève, vers l'horizon lointain. Bien au-delà des grandes murailles du village. Elle tient encore le parchemin, la mission et son sang bouillonne, l'excitation à son comble. La renarde est ravie, une mission. Cela commençait à lui manquer, elle qui n'avait hérité que de l'ennui d'être promue chef d'équipe, senseï, un rôle qu'elle avait du mal à saisir. Une profonde inspiration, face aux portes de Konoha, les doigts qui viennent danser sur le manche de son sabre. L'impatience à son comble, pourtant elle est encore seule. Son regard s'égare, d'abord vers la gauche, puis la droite, puis derrière... Pourtant, elle savait qu'elle aurait un coéquipier pour cette mission. Mais celui-ci semble tarder, ou alors est-ce elle qui, dans son élan d'euphorie, se hâta un peu trop, laissant trop peu de temps à son camarade pour la rejoindre. Peut importe, elle décida malgré tout de l'attendre à la sortie du village. Quelques pas en avant pour ensuite venir s'appuyée contre un arbre, sur la route menant vers les montagnes. D'ici, on ne pouvait la louper et elle ne pouvait rater personne non plus, leurs regards finiront bien par se croiser, tôt ou tard.

Les minutes passent, trop lente tandis que l'impatience de la renarde commence à s'enflammer. Elle qui attendait depuis trop longtemps de repartir en mission, qui commençait à étouffer entre ces quatre gigantesques murailles. Konoha devenant peu à peu trop petit aux yeux de la Senju. Elle qui rêvait un peu plus d'ailleurs, de mort, au delà de ces frontières qu'elle connaît si bien. Au fond, elle en était certaine, bien assez tôt, ses intuitions se réaliseront mais la patience, ça n'a jamais été son truc. Au fin fond des abysses, toute son âme criait vengeance, comme si la guerre était l'unique salvation à son mal. Lugubre vérité, qu'elle viendra étouffer lorsque son regard croisera celui d'Issei. « Toi ! Te voilà enfin! » Une énergie commune chez la renarde, un éclat qui vient rompre le silence et le fil de ses pensées. Elle se rapproche, à pas de renarde, toujours avec cette même délicatesse, une agilité presque féline. « J'espère que tu es prêt, mon chou! » Elle, elle l'était, sac confortablement installé sur son dos, son sabre bien ancré à sa ceinture et son bandeau qui vient, comme à son habitude, couvrir son cou. La détermination et le feu brillait dans ses yeux. Elle était prête à en découdre, avec n'importe qui.

Merde elle va me tuer ! Tu sautes littéralement sur tes vêtements, enfilant ton haut à la va-vite, manquant de trébucher en te glissant dans ton pantalon. Pourquoi t'es-tu allongé sur ce futon en attendant l'heure du rendez-vous pour ta mission ? Tu avais la veille profité d'une permission pour traîner avec des camarades dans un bar du centre du village, et évidemment tu n'étais pas rentré très sobre. Ce matin, après t'être fait réveiller par un ordre de mission, tu avais profité pour préparer tes affaires, excité de quitter l'enceinte du village. Même si il ne s'agissait que d'une mission de rang C, pas très excitante à tes yeux, c'était mieux que rien. Sauf qu'une fois ton sac à dos prêt, tu en avais profité pour t'allonger un instant ... qui c'était prolongé ! En courant très vite tu arriverais pile à l'heure. Ou quelques minutes en retard, ce qui te concernant revenait au même.

— Je file, à dans quelques jours ! Ton cadet se trouve dans la cour intérieure de votre demeure, en train d'affûter ses kunais. Il n'a même pas le temps de te répondre que tu passes devant lui à toute vitesse, lui lançant un vague signe de la main. Il est habitué à tes départs précipités de toute façon, personne ne te changera jamais.

Tu passes sous les imposantes portes du village en marchant, pour donner l'impression que tu n'étais pas trop en retard. Reprenant peu à peu ton souffle, tu avances l'air de rien, sourire estampillé sur ton visage. Appuyée contre un arbre, Ibuki semble impatiente, comme à son habitude, te hélant en exprimant l'ennui d'avoir dû t'attendre. — Salut Ibu, toujours autant patiente. Petit clin d'oeil amusé tandis que tu l'observes s'approcher de toi de sa démarche toujours aussi chaloupée, à la manière d'une renarde dont elle semble avoir adopté certains traits. Riant intérieurement de la comparaison, tout à son honneur, tu hoches la tête, motivé. — Je suis toujours prêt, tu l'sais. Impatient à ton tour, tu trépignes. — Le dernier à Taidong offre le repas au retour ? Tu pars tout à coup en courant à la manière des ninjas, la laissant déjà loin derrière. Riant à gorge déployée, ta bonne humeur alimentée par la présence d'Ibuki, tu sais qu'elle ne tardera pas à te rattraper, et que vous aurez tout le loisir de discuter de votre mission avant d'arriver à Taidong.

La course folle à débuter. Compétition enfantine entre deux gamins, deux amis, partageant le même bonheur de la retrouvaille. Le défis était lancé, la récompense aussi. Et comme à son habitude, la jeune kunoichi prouva de sa vivacité. De Konoha, le village minier se trouvait à une journée de marche, de quoi rire pour des jeunes shinobis animés par la fougue si propre à leur âge. Les heures filèrent, malgré tout, un kunai lancé à toute allure, un trajet précis pour les deux chûnin, aucune fausse note dans cette valse fugace.. Ce n'est que lorsque le crépuscule éclaira les cieux du délicat carmin de la fin d'après-midi, qu'elle posa pieds face au village. Évidemment accompagné au même instant de son compagnon de route, un sourire solaire vient éclater sur sa frimousse, les pupilles gorgée d'une joie pourtant si factice. Quelques pas en avant, quelques secondes pour observer le village depuis leur point de vue, avant que son attention se tourne vers le Sarutobi.

« J'dirais, égalité. Le retour nous départageras. » Elle ricane, légèrement, des paroles légère, en réponse au défis lancer quelques heures plus tôt avant de reprendre son sérieux, continuant à observer le village et ses alentours. « C'est étonnant quand même... De l'or, une ressource précieuse, pourquoi n'y a t'il pas des shinobis pour protéger de la cargaison alors ? Et puis... Ils ont pas l'air eu même si bien protéger eux-même. » Malgré la douceur et la légèreté qui vient flotter dans sa voix, elle est des plus sérieuse, une certaine forme de neutralité vient ponctuer chacun de ses propos. « Mmh, des idées de la marche à suivre ? La forêt autour est très épaisse, c'est facile de se cacher... Mais pour retrouver des brigands ou de l'or, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, c'est à leur avantage à ce moment. » Une conclusion peut prometteuse, cette mission, aux yeux de la Senju, s'annonçait complexe. Son sang vient alors bouillonner, retrouvant pas à pas l'excitation de ses débuts, venant délicatement s'entremêlé à l'inquiétude de l'instant présent. Pourtant, elle ne montre rien.

Finalement votre folle journée de course s'achève lorsque vous arrivez à proximité du village. Désormais à portée de vue, Taidong semble paisible, les mineurs étant sans doute rentrés après une dure journée de labeur. Le ciel, d'un bleu limpide pendant la journée, se teintait maintenant de nuances rouges et orangées, donnant au paysage un aspect bucolique, paisible. À tes côtés, après cette égalité qui ne sera départagée qu'à votre retour à Konoha, ta coéquipière s'interroge sur le peu de protection dont semble se doter le village : si un fin rempart en bois l'entoure, percé de portes qui sont sans doute fermées pendant la nuit, il ne te semble pas voir de dispositif supplémentaire. Les portes sont trop loin pour que tu y voies clair, il y a peut-être un garde ou deux, mais dans tous les cas rien de suffisant pour faire face à un groupe de de brigands déterminés, encore moins à des ninjas. — Je pense qu'ils n'ont jamais eu besoin de se protéger contre qui que ce soit depuis la fin de la guerre. Tu te grattes le menton en signe de réflexion. Depuis que les affrontements se sont terminés entre les grands pays, vous vivez une période de paix relative, même si certains épisodes de tensions ont mené à des affrontements, notamment avec le village de Kiri et ses redoutables ninjas. Vu que le Pays des Rivières et celui du Feu sont en paix, Taidong n'a en théorie rien à craindre. Jusqu'à l'apparition de ces brigands.

— Oui, ça va être compliqué. On aurait bien eu besoin d'un Hyûga ou d'un Inuzuka. Car ni Ibuki ni toi n'êtes des spécialistes de la traque ou du repérage à longue distance, et un membre de l'un de ces clans vous aurait été d'une très grande utilité. Haussant les épaules, tu indiques le village d'un signe de la tête. — On devrait aller au village, leur chef a sûrement plus d'informations à nous donner. Il n'est pas rare que dans ce genre de situations, les villageois sachent à peu prêt où se trouve le repaire des brigands, puisqu'ils connaissent en général les environs comme leurs poches. Ce qui est loin d'être votre cas. Il te semble déjà être passé dans la région lors de missions par le passé, mais là tout de suite, c'est comme si c'était ta première visite.

Sautant à la manière des ninjas, tu attends qu'Ibuki se trouve à tes côtés pour passer les portes de la ville. Comme le prétendait la Senju, aucun garde ne surveille l'entrée, même si les quelques villageois vaquant à leurs occupations ne tardent pas à vous jeter des regards inquisiteurs. Marchant jusqu'à la place centrale, vous êtes très vite interpellés par un vieil homme petit et trapu, l'image exacte que tu te fais d'un mineur. — Vous êtes les ninjas de Konoha ? Je suis Oiji, chef de ce village, bienvenue. Il vous adresse un sourire chaleureux, ses yeux pleins de malice te semblant pourtant plus durs que son visage ne veut le laisser paraître. — Oui, voici Senju Ibuki. Je suis Sarutobi Issei. Tu hoches respectueusement la tête. — Venez, je vous ai fait préparer une chambre et un repas, ainsi que de quoi vous débarbouiller. Vous devez être épuisés après votre voyage depuis Konoha. T'engageant à sa suite, étonné de la vigueur du personnage, tu jettes un regard amusé à Ibuki, lui lâchant un petit clin d'oeil charmeur avant de filer.